Suite à la séquence qui a opposé la chroniqueuse Christine Angot à l’ancienne secrétaire nationale du parti EELV venue présenter son ouvrage consacré à l’agression sexuelle dont elle a été victime, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) a mis FRANCE TELEVISIONS en demeure de respecter les dispositions légales relatives au respect des droits des femmes.
Sa décision du 20 décembre 2017 rappelle qu’au cours de l’émission « On n’est pas couché » diffusée par France 2 le 30 septembre 2017, « l’animateur et les chroniqueurs de l’émission ont reçu une personnalité venue présenter son ouvrage consacré à l’agression sexuelle dont elle a été victime ; à cette occasion, alors qu’elle souhaitait mettre en lumière les carences qu’elle a constatées dans la prise en charge des personnes victimes de ce type d’agissements et présenter des solutions pour aider utilement les femmes victimes d’agressions sexuelles, les chroniqueurs de l’émission ont longuement, de manière virulente et systématique, sans prendre en compte sa vulnérabilité manifeste, mis en doute l’utilité même de sa démarche sans respect pour sa parole ni pour son engagement ; les interventions de l’animateur ont été caractérisées à plusieurs reprises par une attitude de complaisance à l’égard du parti-pris choisi par les chroniqueurs attitrés de l’émission s’agissant d’un sujet particulièrement grave et douloureux ». Le Conseil relève en outre, que FRANCE TELEVISIONS « a choisi délibérément de ne pas diffuser une séquence au cours de laquelle la chroniqueuse de l’émission a quitté le plateau » mais qu’elle a en revanche « conservé les séquences durant lesquelles l’invitée n’a pu masquer son émotion face à cette attitude et aux propos tenus par les deux chroniqueurs ». Pour le CSA, « ce choix de montage trompeur a été de nature à nuire à la bonne compréhension du téléspectateur quant au déroulement du débat ».
Au terme de son analyse, le CSA considère « qu’il incombe tout particulièrement à la société nationale de programme FRANCE TELEVISIONS, de par les missions de service public qui lui sont confiées, de manifester un devoir d’exemplarité dans le traitement des questions relatives aux violences faites aux femmes ». Or, l’émission litigieuse, « tant par sa forme que par son contenu », a caractérisé un manquement aux dispositions combinées des articles 3-1 et 43-11 de la loi du 30 septembre 1986 qui confient à FRANCE TELEVISIONS une responsabilité particulière en matière de lutte contre les violences faites aux femmes, ainsi que de l’article 35 du cahier des charges de FRANCE TELEVISIONS qui impose à cette société de ne pas recourir « à des procédés susceptibles de nuire à la bonne compréhension du téléspectateur » et de conserver « en toutes circonstances la maîtrise de son antenne conformément à son dispositif de contrôle interne ».
FRANCE TELEVISIONS a donc été mise en demeure de respecter, à l’avenir, les textes qui régissent son activité de diffuseur.
Décision n° 2017-967 du 20 décembre 2017 mettant en demeure la société France Télévisions
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